40 voiles All Purpose sur le Vendée Globe

Construction des voiles des IMOCA 60, entièrement fabriquées en France

Le 30 octobre 2020

La voilerie All Purpose La Trinité Carnac sera présente sur le tour du Monde en solitaire, sans escale et sans assistance, à bord de 5 monocoques de 60 pieds IMOCA. Les participants du Vendée Globe prennent le départ dimanche 8 novembre aux Sables d'Olonne pour un périple planétaire en solitaire de 21 638 milles (40 075km).

40 voiles à bord de 5 IMOCA

  • Samantha Davies INITIATIVES COEUR
  • Miranda Merron CAMPAGNE DE FRANCE
  • Manuel Cousin GROUPE SETIN
  • Isabelle Joschke MACSF (quelques voiles)
  • Damien Seguin Groupe APICIL (voiles de portant)

Zoom sur le chemin parcouru par ces voiles entièrement fabriquées en France, de CLM-TRILam en Aveyron à All Purpose Carnac en Bretagne

A l’écoute des marins et leurs équipes

Avant même de débuter la construction de la voile au sens strict, Rémi Aubrun, responsable du bureau d’étude All Purpose à Carnac, et son équipe passent beaucoup de temps à l’écoute des marins et de leur team.

« La première phase est la réflexion » déclare Rémi. « Chez une grande équipe comme Initiatives Cœur de Samantha Davies, je travaille avec des spécialistes intégrés qui ont une expertise forte en matière de conception de voiles. Nous concevons ensemble une fiche de fabrication bien en amont de la période de construction, souvent quasi un an avant. Nous discutons des volumes des voiles, des incidences sur le gréement, du nombre de lattes et surtout de performance. Ensuite à travers un logiciel, un genre de tunnel à vent numérique qui mesure l’interaction entre l’écoulement et la structure de la voile, je fournis des études qui les aident à décider, je donne des outils… » Pour d’autres qui n’ont pas de bureau d’étude, Rémi fournit l’ensemble du processus de réflexion en fonction des spécificités de chaque IMOCA et des skippers.

Estimer le procédé de fabrication

En parallèle, Rémi entre en contact avec Pascal Rossignol de TRIlam pour étudier la faisabilité des demandes. « On regarde ensemble le programme et le type d’utilisation envisagés du skipper. Ils permettent d’estimer le procédé de fabrication avec le nombre de plis du matériau et les densités de fils. Nous évoquons les finitions non-tissées ou tissées et les films si besoin pour les voiles de portant. Nous en déduisons le poids cible. La décoration est aussi prise en compte, pour savoir si on fait une teinture masse des colles (zéro gramme) ou une peinture spray bi-composant sur toute la surface car son poids n’est pas négligeable :4 à 5 Kg pour une GV recto-verso ». Parfois même la discussion se fait à trois, entre l’équipe, la voilerie et TRILam. »

La construction

La voile entre alors en construction. « Tout débute en amont chez TRILam-CLM avec la préparation des sous-couches textiles, des fibres et des résines. La majeure partie des matières sont heureusement en stock les jours de fabrication car il peut falloir plusieurs mois pour tisser une finition particulière, approvisionner des fibres rares, tester de nouvelles combinaisons, ou valider la peinture au pantone » selon Rémi. « Les fibres et les sous-couches sont ensuite placées dans diverses machines spécifiques qui vont déposer à sec les fils un par un en respectant le plan défini. La résine est alors ajoutée de façon à ce que les fils se retrouvent ensemble comme un composite en procédé d’infusion. C’est au tour du " lamineur" de passer à l’action au lieu de l’autoclave pressurisée dans le cas des matériaux composites. Ce "lamineur" qui est un genre de laminoir, est une combinaison de rouleau presseur qui compacte le tout sous 5 à 7 tonnes pour générer des grands panneaux en tissu. »

L’assemblage

La suite se déroule sur le grand plancher d’All Purpose à Carnac dans le Morbihan. « Par exemple, pour une grand-voile IMOCA, nous recevons 8 panneaux. » enchaîne Rémi. « Nous enlevons quelques parties puis nous les assemblons avec une colle structurelle, la même que lors de la lamination. Une presse à chaud spécifique est utilisée pour laminer les jonctions collées un peu comme chez TRILam. Nous procédons alors aux finitions avec la pose de sangles et des goussets de lattes. Tout est optimisé pour le gain de poids sans concession sur la solidité. Tous les détails de fabrication font partie intégrante de la performance et de la fiabilité. La voile est prête ! »

C’est en mer que se poursuit le processus avec de nombreux tests des produits finis et des ajustements au fil des navigations, phase très importante où le maître-voilier et le bureau d’étude troquent leurs habits de plancher par des cirés !

« Toutes nos voiles sont conçus en TRILam ou en TPI qui est notre version TRILam améliorée » ajoute Rémi qui, avec All Purpose, réfléchit également aux sacs des voiles.

Des sacs sur mesure

« Nous avons imaginé un tissu spécial pour les sacs à voiles que nous faisons laminer pour nous. Il est léger, étanche, il glisse bien sur le pont afin de faciliter les manœuvres de matossage qui sont différentes selon les caractéristiques de chaque voilier. Chaque sac est adapté. Ce sont des customs. La conception des sacs prend quasi autant de temps que celle des voiles ! »  

La formule « magique » pour le Vendée Globe

Quel jeu de voiles sera le plus efficace pour un Vendée Globe ?

« Nous nous nourrissons évidemment des concepts adoptés par les voileries concurrentes sur ce Tour du Monde. De notre côté et avec nos clients – navigateurs, nous privilégions surtout la polyvalence. A notre avis, une voile performante sur le Vendée Globe est une voile qui marche bien tout le temps et surtout dans un large spectre de polaires. L’idée est qu’elle reste à poste longtemps et que le sportif ne passe pas son temps à la changer. Les manœuvres coûtent cher en énergie et en temps sur un Tour du Monde ! Nous travaillons vraiment sur des vitesses moyennes et non sur des voiles trop spécifiques pour une allure. Nous essayons de ne pas trop prendre de risques et de ne pas faire des choix trop tranchés. A ce sujet, je pense que Samantha Davies et son Initiatives Cœur ont un jeu de voile très complet et polyvalent. Je suis persuadé que Samantha a tous les atouts pour la gagne et aura moins d’incertitudes que les concurrents qui bénéficient de voiliers « nouvelle génération » qui auront, à mon avis, des difficultés à exploiter leurs voiles à 100%. »

Les concurrents du Vendée Globe emportent 8 voiles :

La grand-voile
Un spi
Un grand gennaker
Un petit gennaker
Un J0
Un J2
Un J3
Un tourmentin

La voilerie All Purpose La Trinité Carnac encourage ses coureurs pour ce Vendée Globe!

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